Après 10 ans, la majorité des Tunisiens considèrent que cette révolution n'est pas achevée puisque parmi le slogan original "Liberté, Travail, Dignité" seul le 1er mot d'ordre a été réalisé.
L'exercice de la liberté est devenu une réalité concrète et partout, dans les médias, journaux, réseaux sociaux, télés et radios ainsi que sur la voie publique.
Il n'en fut pas ainsi pour le travail (droit constitutionnel pour chaque Tunisien) malgré la création d'emplois massifs dans la fonction publique ayant généré une masse salariale sans précédent.
La majorité des Tunisiens commencent à perdre enthousiasme et patience face à un chômage en croissance continue, une chute de l'économie, un coût de la vie exorbitant entrainant une corruption à vaste échelle, contrebande, drogue et terrorisme qui sont devenus le quotidien des Tunisiens.
La révolution a entraîné l'annulation de la constitution et des différentes structures politiques existantes.
Le régime présidentiel, prévalent avant la révolution a été remplacé par un régime semi-parlementaire avec un partage des pouvoirs entre 3 structures (Présidence, Parlement et Gouvernement) d'où complexité de la prise des décisions en faveur des jeunes, auteurs de la révolution mais qui n'ont en pas profité.
La Tunisie fait face à plusieurs problèmes dont :
1°) La mauvaise gouvernance, la corruption, les incompétences de certains dirigeants.
2°) La main mise des politiciens sur le pouvoir et l'économie.
3°) L'abandon par l'Europe de son rôle de régulateur à la fois économique et politique pour parer une dérive dangereuse qui ne tarderait pas à venir.
Ces derniers mois, l'apparition du COVID 19 a enfoncé le pays dans une situation très critique sur le plan sanitaire mais surtout économique avec une augmentation du chômage dans plusieurs secteurs d'activités suite à des licenciements massifs, fermetures d'hôtels, de sociétés diverses, manque d'investissements internes et des investissements directs étrangers.
De nombreuses voix se sont élevées ces dernières semaines ,émanant des ONG ,des structures professionnelles, et syndicales, des partis politiques, du parlement lui-même pour proposer d' organiser un débat national groupant toutes les parties concernées pour évaluer la décennie écoulée sur le plan politique, économique et social et proposer des mesures correctives pour aboutir à réaliser les objectifs de la révolution.
Beaucoup souhaitent que le chef de l’Etat parraine ce débat au cours des prochaines semaines. »
*Mahmoud Ben Abbès, entrepreneur tuniso-belge